L'argument de la filiation est souvent invoqué par les anthropologues à l'appui des débats qui les opposent, au coeur de leur discipline, sur ce qui est donné, commun à l'ensemble des sociétés humaines, et ce qui est construit dans des contextes culturels particuliers. Quoi de plus "naturel", de plus "universel" en effet que cette relation filiative qui répond aux nécessités de la reproduction sexuée de l'espèce, invariant qui relève des mêmes évidences que la distinction des sexes ? Le présent ouvrage, présenté sous la forme d'un recueil de textes, réunit des spécialistes de différentes disciplines - anthropologues, historiens, juristes - qui explorent la manière, relativement convergente, dont la filiation est établie dans des sociétés, anciennes et modernes, situées autour de la Méditerranée. Ces sociétés, polythéistes ou relevant des trois grandes religions monothéistes nées dans cette aire, donnent à voir des agencements qui lient la filiation, et plus largement la parenté, à la constitution de l'ordre social et cosmique. Des pratiques d'alliance de mariage dans la proximité consanguine brouillent le calcul de la filiation, la distinction des lignées paternelle et maternelle, celle de l'ascendance et de la descendance... Les récits d'origine aussi bien que la manière de dire le droit expriment les débats qui s'ouvrent ainsi et sous-tendent la définition des règles de prohibition de l'inceste. Ces débats sont renouvelés dans le contexte contemporain de développement des techniques de procréation assistée. Ils montrent que la définition et le calcul de la filiation n'interviennent pas seulement dans le champ particulier de la parenté, mais déterminent aussi la transmission intergénérationnelle des biens matériels et symboliques, ainsi que les identités et les statuts, éventuellement les titres politiques ; ils relèvent simultanément de la codification du droit.
Ce séminaire, portant sur la production et la patrimonalisation des grands ensembles et des ZUP du Sud-Ouest de la France, traite notamment de la question de la réhabilitation du quartier du Mirail à Toulouse, réalisé à partir de 1960 par l'équipe de Candilis, Josic et Woods dont on connaît l'appartenance au groupe européen du Team X (ou Team 10) dès les années 50. Ce groupe va, en effet, tout en revendiquant l'appartenance à l'avant-garde des années 50-60, inscrire la référence au lieu et à la culture locale comme une donnée fondamentale et accorder la priorité au problème de l'habitat du « plus grand nombre » dès 1952. Ce sont ces décalages, par rapport à la pensée « orthodoxe » des CIAM de l'époque, qu'il nous a paru intéressant de faire resurgir dans l'optique d'une démarche d'analyse comparatiste portant sur ce thème du logement collectif à grande échelle.
L'actualité dans le champ du handicap est à l'inclusion. Ce terme est devenu à la mode dès qu'il s'agit de handicap, fait l'objet de nombreuses utilisations, politiques et juridiques notamment, dans des domaines aussi variés que l'espace public, l'emploi, l'éducation et la formation, la culture, le logement etc. Il fait la promesse d'une société accessible qui assure aux personnes handicapées la possibilité de leur pleine et entière participation sociale, à l'abri de toute discrimination.
La revue Quaderni se propose d'explorer un champ encore en jachère : la communication et ses rapports essentiels avec les technologies et le pouvoir.
La communication est partout : dans les sciences humaines et dans celles de la nature, dans les journaux, dans la politique, dans les entreprises. Nouvelle religion. En accroissant son empire la communication doit emprunter de multiples détours idéologiques et épistémologiques. Elle n'est apparue comme valeur sociale qu'en réponse à une société éclatée, à une politique éclatée, à une science éclatée.
Mais faut-il pour autant rejeter la communication dans son ensemble, en tant qu'idéologie ? Nullement. Il s'agit de débusquer, discriminer, distinguer, entre ses usages.
Dans le cadre du développement de la revue Techniques & culture sous sa nouvelle forme et dans la continuité d'une réflexion sur la manière dont une revue en sciences humaines peut s'adapter aux besoins actuels de la recherche tout en préservant son héritage et sa diversité, Techniques & culture initie sous la direction de Gil Bartholyens, Nicolas Govoroff et Frédéric Joulian la création d'une Anthologie raisonnée de Techniques & culture.
La visée de ce projet éditorial est d'offrir un outil de travail aux étudiants, qui les accompagnera tout au long de leur parcours de formation et de recherche.
L'éclectisme disciplinaire et thématique et l'actualité des questionnements parfois anciens seront illustrés au travers d'entrées comme la technologie culturelle, la transmission, l'apprentissage, les artefact cognitifs, l'efficacité ou les cultures matérielles non-humaines.
Dans le cadre du développement de la revue Techniques & culture sous sa nouvelle forme et dans la continuité d'une réflexion sur la manière dont une revue en sciences humaines peut s'adapter aux besoins actuels de la recherche tout en préservant son héritage et sa diversité, Techniques & culture initie sous la direction de Gil Bartholyens, Nicolas Govoroff et Frédéric Joulian la création d'une Anthologie raisonnée de Techniques & culture.
La visée de ce projet éditorial est d'offrir un outil de travail aux étudiants, qui les accompagnera tout au long de leur parcours de formation et de recherche.
L'éclectisme disciplinaire et thématique et l'actualité des questionnements parfois anciens seront illustrés au travers d'entrées comme la technologie culturelle, la transmission, l'apprentissage, les artefact cognitifs, l'efficacité ou les cultures matérielles non-humaines.
La Chine, qui a terminé sa révolution et a jeté les bases d'une gigantesque métamorphose, défie les catégories habituelles de la politique.
L'énigme chinoise est ici mise en lumière à travers une histoire sociale des villes au XXe siècle, à la veille du basculement qui va faire d'un très ancien pays agraire une société dominée par l'urbain. Cette phase moderne de l'histoire en longue durée des sociétés urbaines chinoises, dans les contextes successifs des " traités inégaux " et des " concessions ", de la dictature du Guomindang et de l'occupation japonaise, de la révolution et du régime maoïstes puis des réformes post-maoïstes, a fait l'objet des travaux de Marie-Claire Bergère à qui ce recueil d'essais rend hommage.
Venus de Chine, d'Amérique et d'Europe, les auteurs écrivent moins l'histoire d'une démocratie absente, selon les formes institutionnelles prescrites, que celle d'un social travaillant sur lui-même en présence des pouvoirs qui se partagent le pays, à Shanghai, à Canton, à Tianjin et à Xi'an. Leur plongée au-dessous de la surface événementielle éclaire l'épaisseur historique des transformations, des mobilisations, des impasses et des paradoxes de la société chinoise au XXe siècle.
C'est dire que cette histoire sociale revendique pleinement la grande tradition qui cherche dans l'enquête historique sur les sociétés les clés de l'intelligence du politique. Ce livre est en ce sens une grammaire historique du mouvement social et politique chinois actuel qui ne doit pas être réduit à un débat abstrait sur les droits de l'Homme.
Partout, il est un domaine de la culture que nos contemporains distinguent des autres : les techniques. Démarcation certes applicable à l'ensemble du genre humain. Ces temps-ci, des scientifiques, la haute vulgarisation aussi, redécouvrent cette Amérique-là : « Les techniques ? Mais c'est socioculturel ! » Bien sûr. Techniques et culture, par beaucoup de ses approches, le montre et le démontre pièces en mains depuis les débuts. Ses analyses émanent de disciplines diverses mais relèvent toujours de l'anthropologie au sens large, sans toutefois faire l'impasse sur la technologie. Car toutes les cultures, même très « exotiques », admettent de fait dans leurs conduites les plus banales quelques postulats d'efficience pratique... Y compris quand elles ne tracent pas dans le discours nos bornes à nous : « Faits techniques, et autres »; « Le travail, et le reste ». Mais, conjointement à nos propres classements, ne doit-on pas ranger les leurs parmi les données d'un vrai problème ?
Dans la continuité des travaux conduits autour de la réception de l'architecture contemporaine (Cahiers thématiques n°2), ce volume propose d'interroger les relations entre événement et architecture. La relecture des écrits de Pierre Nora sur l'événement a très largement orienté les articles de cette livraison. L'importance des médias dans la production de l'événement, le poids de ses virtualités émotionnelles, l'impact de sa représentation sont autant de notions empruntées à l'historien pour ré-explorer le champ de l'architecture contemporaine. Qu'il jaillisse de l'immédiateté de l'expérience vécue, qu'il résulte de l'expression d'un savoir-faire maîtrisé ou bien qu'il s'anime sous l'injonction des médias, l'édifice événement constitue aujourd'hui une notion essentielle pour comprendre la production architecturale contemporaine.
Le volume traite des manières de penser les relations entre l'homme, l'animal et la nature. Il explore de façon symétrique les thèmes de la naturalisation de l'Homme et de la « culturalisation » de la Nature, telles qu'elles peuvent être entendues par les anthropologues, sociologues, archéologues, historiens, biologistes, éthologues ou philosophes. Questionnant les deux grands dualismes « nature/culture » et « animalité/humanité », les articles mettent l'accent sur les différences de conceptions et de méthodes et sur leurs traductions possibles d'un champ de pensée à un autre. Car aussi bien la réduction de l'homme à son substrat biologique que l'attribution de cultures aux animaux s'accompagnent désormais de renoncements à d'étroites exigences disciplinaires. L'institution académique doit-elle, sous prétexte d'empirisme propre à un champ de savoir particulier, s'interdire de transgresser les frontières ? Non, assurément pas. Mais, pour autant, dès lors que l'on ouvre les frontières, il importe également de rester vigilant et de refuser tout hégémonisme d'un paradigme sur un autre, qu'il soit « tout biologique » ou « tout culturel ». Avec quels outils penser alors de façon innovante, mais exigeante, les relations de l'homme à la nature ? Le volume aborde ainsi, dans une approche largement pluridisciplinaire, les points de rencontre les plus sensibles entre nature, homme et animal, que ce soit sur un plan théorique ou empirique.
La science actuelle met en jeu beaucoup plus de participants du Sud qu'il y a cinquante ans, mais rarement sur un pied d'égalité avec ceux du Nord : la dissymétrie persiste dans la répartition des tâches et dans le positionnement au sein des réseaux. Un marché international du travail scientifique est disposé à enrôler les meilleurs chercheurs locaux dans des projets communs, mais généralement pour des tâches parcellaires. En outre, la science du Sud est souvent confrontée à un environnement indifférent au travail des chercheurs, sceptique sur ses bénéfices et dédaigneux de ses valeurs. Le soutien des gouvernements, confrontés à d'autres priorités, connaît des éclipses. C'est au Nord qu'ils trouvent un milieu stimulant et attractif. La dépendance du Sud ne dépend pas que des conditions de travail, aussi de mécanismes subtils, relayés et reproduits par la communauté scientifique mondiale.