Henri Alleg
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La première édition de La Question d'Henri Alleg fut achevée d'imprimer le 12 février 1958. Des journaux qui avaient signalé l'importance du texte furent saisis. Quatre semaines plus tard, le jeudi 27 mars 1958 dans l'après-midi, les hommes du commissaire divisionnaire Mathieu, agissant sur commission rogatoire du commandant Giraud, juge d'instruction auprès du tribunal des forces armées de Paris, saisirent une partie de la septième réédition de La Question. Le récit d'Alleg a été perçu aussitôt comme emblématique par sa brièveté même, son style nu, sa sécheresse de procès-verbal qui dénonçait nommément les tortionnaires sous des initiales qui ne trompaient personne. Sa tension interne de cri maîtrisé a rendu celui-ci d'autant plus insupportable : l'horreur était dite sur le ton des classiques. La Question fut une météorite dont l'impact fit tressaillir des consciences bien au-delà des " chers professeurs ", des intellectuels et des militants. A l'instar de J'accuse, ce livre minuscule a cheminé longtemps.
Jean-Pierre Rioux, " La torture au coeur de la République ", Le Monde, 26-27 avril 1998
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Le grand bond en arriere ; reportage dans une russie de ruines et d'esperance
Henri Alleg
- Delga
- 15 Septembre 2011
- 9782915854312
Le démantèlement de l'URSS : vingt ans déjà... : aujourd'hui, des quantités de sondages montrent que les ex-Soviétiques regrettent à une grande majorité le système socialiste, des millions d'entre eux sont décédés du fait de la désagrégation des services sociaux, de la chute vertigineuse des pensions de retraites et des salaires, etc. Henri Alleg retrace ici ce « plus grand hold-up de tous les temps », effectué sous tutelle américaine, et dont Gorbatchev puis Eltsine furent les courroies en titre. Si ce démantèlement s'est effectivement traduit pour une poignée de mafieux, par la liberté d'exhiber des yachts dans toutes les marinas du monde, c'est une bien mince avancée, au regard de la destruction de tout un système social (gratuité de l'enseignement, des soins, du métro ; extrême modicité des loyers, de l'énergie, etc.), de la production industrielle (diminuée de moitié), etc.a
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Dans La Question, Henri Alleg a relaté les circonstances de son arrestation et de sa séquestration au centre de tri d'El-Biar.
II fait aujourd'hui le récit des trois années qu'il a passées en prévention à la prison civile d'Alger, au milieu de ses compagnons de lutte. II importe bien de signaler que cette prison de Barberousse n'est qu'un des multiples bastions de la répression en Algérie ; on pourrait même dire qu'elle a fonctionné jusqu'ici dans des conditions « privilégiées », du fait de la présence dans la ville de plusieurs légations, consulats et journalistes étrangers.
Le récit s'arrête au début de juin 60, c'est-à-dire à la veille du procès au cours duquel Henri Alleg devait comparaître devant le tribunal militaire d'Alger, avec Ahmed Akkache et d'autres responsables et militants du parti communiste algérien.
La presse française et étrangère a suffisamment souligné le caractère scandaleux de ce procès ; il n'est donc pas utile d'y revenir en détail. Rappelons seulement que le huis-clos fut prononcé presque à l'ouverture de l'audience, qu'AIleg qui dénonçait ses tortionnaires, fut expulsé du banc des accusés et se vit refuser le droit d'exposer la politique défendue par son journal, tandis que son avocat, Me Matarasso, était menacé de comparution devant la cour.
À l'issue des « débats », de lourdes peines furent prononcées. Alleg fut condamné à dix ans de prison, c'est-à-dire au maximum de la peine prévue. Tout en reconnaissant que certaines circonstances du procès étaient « regrettables », la cour de cassation confirma ce jugement pendant l'été 60.
Depuis le 28 juin 1960, Alleg est détenu à Rennes où il a été transféré pour être entendu comme témoin dans le cadre de l'affaire Audin.
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Henri Alleg a dix-huit ans quand il découvre l'Algérie coloniale en 1939. Ce devait être une simple étape d'un voyage à travers le monde, mais très vite il se lie avec de jeunes militants algériens indépendantistes et communistes. Antifasciste, il lutte dans la clandestinité contre l'invasion allemande jusqu'au débarquement allié en 1942. A la Libération, il devient permanent de la Jeunesse communiste et membre du comité central du Parti communiste algérien. En 1951, il est nommé directeur d'Alger républicain. Ce journal populaire qui se veut le porte-parole de la révolution algérienne sera interdit en 1955. La même année, un décret du gouvernement interdit le Parti communiste algérien, la répression s'intensifie. Henri Alleg est arrêté en juin 1957. Inculpé d'atteinte à la sûreté de l'État, il est incarcéré à Alger. C'est en prison qu'il écrira La Question, un livre-événement dans lequel il dénonce la torture dont il a été victime. Publié en 1958 aux éditions de Minuit, il sera très vite saisi par les autorités françaises. Mémoire algérienne est un témoignage exceptionnel sur les mouvements politiques et le climat social en Algérie à la veille de l'indépendance. C'est aussi un hommage chaleureux aux anciens compagnons de lutte.
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Le siècle du dragon ; un reportage et quelques réflexions sur la Chine d'aujourd'hui et peut-être de demain
Henri Alleg
- Le Temps Des Cerises
- 2 Mai 2005
- 9782841090167
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Retour sur la question ; entretiens avec Gilles Martin
Henri Alleg
- Le Temps Des Cerises
- 15 Août 2001
- 9782841092819