Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir.
Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable. Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice.
Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle.
Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures. Pour l'auteur de ces pages incisives et bien informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante.
Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.
Un autre monde est possible, il est indispensable, il est à notre portée.
Le capitalisme, après un règne de deux cents ans, s'est métamorphosé en entrant dans une phase mortifère : il génère tout à la fois une crise économique majeure et une crise écologique d'ampleur historique. Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l'économie n'est pas reine mais outil, où la coopération l'emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit.
Dans un récit original, l'auteur explique comment le capitalisme a changé de régime depuis les années 1980 et a réussi à imposer son modèle individualiste de comportement, marginalisant les logiques collectives. Pour en sortir, il faut prioritairement se défaire de ce conditionnement psychique. L'oligarchie cherche à détourner l'attention d'un public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie pourrait surmonter l'obstacle.
Cette illusion ne vise qu'à perpétuer le système de domination en vigueur. Comme l'illustre la démonstration ancrée dans la réalité et animée de nombreux reportages, l'avenir n'est pas dans la technologie, mais dans un nouvel agencement des relations sociales. Ce qui fera pencher la balance, c'est la force et la vitesse avec lesquelles nous saurons retrouver l'exigence de la solidarité.
Quinn Slobodian retrace dans ce livre les chemins parcourus par un groupe d'intellectuels, les « néolibéraux », depuis les cendres de l'empire des Habsbourg jusqu'à la création de l'Organisation mondiale du commerce, montrant que l'objectif qui a accompagné l'émergence du néolibéralisme n'était pas tant la réduction de la taille de l'État ou l'abolition des réglementations que leur redéploiement à l'échelle mondiale.
Son récit débute en Autriche dans les années 1920. Les Empires sont en train de se dissoudre et le nationalisme, le socialisme et l'autodétermination démocratique menacent la stabilité du système capitaliste. Face à cette situation, des intellectuels autrichiens en appellent à une nouvelle façon d'organiser le monde. Dans les universités où ils enseignent et auprès des gouvernements qu'ils conseillent, des économistes de renom tels Friedrich Hayek, Ludwig von Mises ou d'autres figures influentes mais moins connues comme Wilhelm Röpke et Michael Heilperin, ne prônent pas le laisser-faire. Ils voient au contraire dans les États et les institutions internationales de possibles instruments pour protéger les marchés contre les effets de la souveraineté nationale, les changements politiques et les turbulences des revendications démocratiques.
Une généalogie intellectuelle du néolibéralisme essentielle pour comprendre le monde d'aujourd'hui.
« Nous savions. Le monde en avait entendu parler. Mais jusqu'à présent aucun d'entre nous n'avait vu. C'est comme si nous avions enfin pénétré à l'intérieur même des replis de ce coeur maléfique. » Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen. La découverte des camps de concentration nazis par les Alliés en avril et mai 1945 se fit au hasard de la progression des troupes. Libérer les déportés n'était pas un but de guerre et rien ou presque n'avait été prévu pour eux. Dans chaque camp où ils pénètrent, les soldats alliés découvrent les corps décharnés des survivants, les pyramides de cadavres laissés par les nazis.
Correspondants de guerre, deux hommes sont parmi les premiers à entrer dans cet enfer. Le premier s'appelle Meyer Levin. Il est américain, écrivain et journaliste. Le second est un Français : Éric Schwab est photographe de l'AFP. Tous deux circulent à bord d'une jeep aux côtés de l'armée américaine. Tous deux sont juifs. Tous deux sont animés par une quête obsédante : le premier recherche ce qui reste du monde juif, le second recherche sa mère déportée.
Alger, samedi 29 décembre 1956. L'Algérie française porte en terre l'un de ses meneurs, Amédée Froger, tué la veille en sortant son domicile. La nouvelle de l'assassinat fait grand bruit, en Algérie, mais aussi à Paris, en raison de la personnalité de la victime, haute figure locale de la défense de la cause française. Ses obsèques à Alger rassemblent des milliers de personnes. Surtout, elles sont l'occasion de violences racistes, que les contemporains nomment « ratonnades ». Elles visent les « musulmans », comme les Algériens sont appelés dans cette société-là.
S'appuyant sur des sources variées, dont des archives policières et judiciaires inédites, Sylvie Thénault enquête sur ces événements pour les inscrire dans la longue durée coloniale. Trop souvent résumés à des actions ponctuelles et paroxystiques, ou associées aux attentats de l'OAS à la toute fin de la guerre, ces violences - non pas celles des autorités et de leurs représentants mais bien celles de Français, nés là-bas - se nourrissent d'un rapport de domination, empruntant à toutes les formes d'oppressions possibles (économiques, sociales, politiques, juridiques, culturelles) et s'ancrent dans un espace urbain ségrégué.
Sylvie Thénault plonge le lecteur au coeur de la société coloniale algérienne, traversée de brutalités et de peurs, au plus près de cette foule d'anonymes, qui ont été partie prenante de la Guerre d'indépendance algérienne. C'est ainsi un autre récit de ce conflit qu'offre ce livre.
La fresque dite "du Bon gouvernement", peinte en 1338 par Ambrogio Lorenzetti pour décorer la salle de la Paix du Palais communal de Sienne, est l'une des plus célèbres oeuvres peintes de la fin du Moyen Âge en Italie. Elle fascine aujourd'hui par le foisonnement de ses détails et la force de ses allégories. Sur le mur nord siègent les figures allégoriques du "Bon gouvernement" qui a donné son nom à l'oeuvre. A l'ouest, une longue paroi de quatorze mètres déploie sa réplique funeste, la cour des vices, et une cité en proie aux flammes de la haine sociale. A l'est, au contraire, s'étale une peinture majestueuse de la ville en paix et de ses campagnes. Richement illustré, le livre offre pour la première fois au public français une vision globale de cette oeuvre peinte, qu'il explore également dans ses détails. De ce fait, il propose une réflexion sur la force politique des images. En rendant l'oeuvre au climat d'urgence qui l'a suscitée et qui lui donne sens, Patrick Boucheron lui restitue sa fraîcheur et sa puissance, son sens politique et son actualité. Dans les années 1330, la commune de Sienne est menacée par la seigneurie c'est-à-dire par cette forme de gouvernement personnel qui subvertit les principes républicains de la cité. Comment résister à la tyrannie, éteindre le brasier de la guerre et réapprendre l'art de bien vivre ensemble ? Pour survivre dans son intégrité politique, la commune doit persuader de sa légitimité et de ses bienfaits. La fresque de Lorenzetti est le récit fiévreux d'un combat politique qui n'est jamais gagné.
" Les amours finissent mal en général "... et les divorces ne cessent d'augmenter, dit l'INSEE. Considérant que les explications socio-économiques ne suffisent pas à comprendre la fragilisation du lien conjugal, Denis Moreau, philosophe marié et heureux de l'être, amateur éclairé de rock et lecteur profond de l'Évangile, s'interroge sur ce qui, intimement, quotidiennement, spirituellement, réduit la durée de vie de l'amour et érode le désir d'engagement.
Comment faire pour que les amours durent ? Si Malebranche permet de comprendre la nature de l'instabilité du désir humain, Descartes, plus pragmatique, fournit un " guide " pour faire durer une décision dans le temps. Et l'on peut lire chez Spinoza que le mariage est le lieu d'épanouissement du désir et de la joie. Or là est la conviction de cet essai sincère et nullement moralisateur. Le mariage y est analysé non comme un devoir, une institution petite-bourgeoise, patriarcale, dépassée, etc., mais dans ce que Denis Moreau considère être son sens et sa valeur : comme un état de vie propice à l'épanouissement optimal du désir humain dans toute sa richesse et sa complexité.
S'il fait l'éloge du mariage, c'est donc que celui-ci est une réponse convaincante à la question de la vie bonne, notamment telle qu'elle est envisagée par la tradition catholique - question qui mérite d'être sérieusement considérée.
Dans les derniers siècles de l'empire romain d'Occident, Rome fut à plusieurs reprises saccagée par les barbares. Le plus célèbre de ces sacs reste celui de 410 par les Goths d'Alaric mais il y en eut d'autres : par des Vandales venus de Carthage, par les barbares du général Ricimer et du chef ostrogoth Totila qui faillit bien raser la Ville.
Fondé sur une relecture serrée des sources et sur les dernières trouvailles de l'archéologie, ce livre retrace cette succession d'assauts et les moyens mis en ouvre par les Romains pour y faire face et en réparer les blessures. Il brosse un vivant tableau des dernières décennies de la Rome impériale, des batailles, trahisons et retournements d'alliance, tandis que grandit l'influence de l'Église chrétienne et qu'à l'arrière-plan s'effondrent les provinces de l'Empire partagées entre les royaumes barbares.
De ces assauts, la Ville conserva longtemps la mémoire traumatique, qui se réveilla encore quand les armées impériales de Charles Quint l'assiégèrent une nouvelle fois en 1527.
Se démarquant à la fois du cliché de la « décadence » romaine et des lectures qui gomment la violence des événements, Umberto Roberto signe là un ouvrage captivant.
Un prologue consacré au sac de Brennus en 386 av. J.-C., avec le célèbre épisode des Oies du Capitole, et un dernier chapitre, qui retrace le sac de 1527, encadrent le récit principal.
Jean-Noël Jeanneney livre un récit captivant de l'attentat qui faillit coûter la vie à de Gaulle quelques semaines après la fin de la guerre d'Algérie.
Le 22 août 1962, emmené par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, un commando de fanatiques opposés à l'indépendance de l'Algérie tenta d'assassiner le chef de l'État, en ouvrant le feu sur la DS présidentielle, au Petit-Clamart, à proximité de l'aéroport de Villacoublay. Quelques mois plus tard, au terme d'un procès au cours duquel il put exposer à loisir ses raisons et sa haine du « tyran », Bastien-Thiry fut fusillé.
Jean-Noël Jeanneney a plongé dans les archives de la police, de la justice et de la présidence de la République, et dans les mémoires des principaux acteurs, pour reconstituer avec une netteté passionnante l'attentat, le complot qui le précède et ses suites. Il dévoile un paysage haut en couleurs, où se croisent les activistes de l'OAS, des catholiques traditionalistes lecteurs de Thomas d'Aquin et des réfugiés hongrois à la frontière du banditisme qui se considèrent comme les pieds-noirs de l'Europe.
Chemin faisant, il jette une lumière neuve sur la personnalité de Charles de Gaulle, il éclaire les relations entre la puissance du hasard et les forces profondes qui sont au travail, et il fait entendre des échos inattendus entre cette époque et la nôtre : devant les fanatismes meurtriers, jusqu'où une démocratie menacée peut-elle accepter des atteintes aux libertés publiques fondamentales, au risque d'y perdre son âme ?
L'historien Mark Mazower éclaire les tragédies et les luttes du XXe siècle au miroir des engagements et des rêves d'une famille juive marquée par l'exil - la sienne.
C'est au fil de discussions avec son père, fils d'émigrés russes installés à Londres au tournant du XXe siècle afin d'échapper à la guerre civile et à la terreur, que l'historien entrevoit le passé complexe de sa famille, au-delà de la vie apparemment sans histoire de ses parents. Au centre de son récit, on trouve le personnage de Max, son grand-père, homme taciturne qui cache sous son air guindé et ses silences un passé d'agitateur révolutionnaire dans la Russie tsariste, qui lui valut exil forcé, emprisonnement, déportation en Sibérie... Lui et sa femme, Frouma Toumarkine, dont l'histoire familiale eut également son lot de drames, trouvèrent au coeur de la capitale britannique un port d'attache où construire pour leurs enfants une nouvelle vie, loin des malheurs traversés.
Retraçant la trajectoire des lignées Mazower et Toumarkine à partir de la fin du XIXe siècle - ce qui donne lieu à une série de portraits de personnages hauts en couleur -, Mark Mazower fait revivre un monde révolutionnaire à la fois socialiste, humaniste et internationaliste. On y croise la route de Lénine, d'Emma Goldman et de Litvinov, en naviguant de Moscou à la Sibérie, de Vilnius à Stalingrad, Londres et Paris.
Ceux qu'on a parfois appelés les « perdants de l'histoire » ont souvent plus à nous apprendre que les « vainqueurs ».
Avant et après Mai 68 ils furent quelques dizaines, puis presque un millier, à quitter leur famille, à abandonner leurs études, pour partir travailler en usine. Ils renonçaient à leur statut d'intellectuel, choisissaient de vivre aux côtés des ouvriers, insufflant l'idée révolutionnaire dans les usines. Ils s'inspiraient des recommandations du président Mao Tse Toung qui prônait de « descendre de cheval pour cueillir les fleurs ». On les a appelés « les établis », un terme mystérieux qui au fil des années ne disait quasiment plus rien à personne alors que j'avais passé mon enfance parmi eux.
Lorsque j'ai commencé à partir à la recherche de ceux qui s'étaient établis, j'avais leur âge : celui de leur départ en usine. C'était pour moi la première tentative de réconciliation avec le passé militant de mes parents dont je ne connaissais que les désenchantements. Au fil des récits, au rythme des paroles recueillies, je découvrais les références, les aspirations et les désillusions d'une époque où l'engagement était total. Je pensais alors que si je parvenais à bien comprendre cette histoire, la mienne ferait sens. J'ignorais encore qu'après les parents il me faudrait aller chercher leurs enfants dans un autre récit, écrit vingt ans plus tard, pour enfin avoir le sentiment que les petits cailloux ramassés en chemin toutes ces années m'avaient permis de trouver ma propre route.
- Après Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Hervé Kempf achève sa trilogie par un essai dénonçant le pouvoir des riches, ou plutôt des très riches qui se sont emparés des rouages de la démocratie. Nous croyons encore vivre dans un régime démocratique, mais nous n'en expérimentons en réalité qu'un simulacre : nous sommes conviés aux urnes, mais nous ne sommes plus souverains. Aujourd'hui les " oligarques " - financiers, lobbies, industriels - hantent les instances de décision, quand ils n'en font pas ouvertement partie. Ils tiennent les médias, instrument privilégié pour abrutir les citoyens et les maintenir dans leur passivité. Appuyée sur de nombreux exemples empruntés à toutes les démocraties de par le monde, l'argumentation d'Hervé Kempf est implacable et appelle à un sursaut : et si la vertu redevenait une valeur politique ?
- Journaliste au Monde, Hervé Kempf est l'auteur de Comment les riches détruisent la planète (Seuil, 2007, Points-essais, 2009) et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme (Seuil, 2009).
Sans le savoir, nous sommes déjà entrés dans un nouveau monde. La rupture que nous vivons est si radicale que les changements vont, cette fois, bien plus vite que les idées. Nous avons du mal à penser véritablement la prodigieuse mutation anthropologique et historique dont nous sommes les témoins inquiets. La plupart de nos analyses, de nos discours et de nos querelles campent dans un passé révolu et entretiennent des oppositions d'autant plus théâtrales qu'elles deviennent sans vrai contenu. Ce déphasage est redoutable. Il signifie que nous nous sentons de moins en moins capables d'agir sur le cours des choses. Nous sommes tentés de déserter l'histoire. Après nous le déluge... C'est contre ce nouveau fatalisme que ce livre entend réagir. Retrouver le goût de l'avenir, refonder la démocratie, reprendre possession de notre destin, tout cela exige des mises à jour radicales. Pour ce faire, il faut tenter de penser autrement les grandes contradictions contemporaines, celles qui sont au centre même de notre vie en société: la transgression opposée à la limite, l'individualisme brisant le lien, la transparence capable de ruiner l'intériorité, l'innocence préférée à la responsabilité ou encore la croyance affaiblie qui ne donne plus sens au savoir. Au-delà de ces contradictions fondatrices, contre les pugilats dépassés et les manichéismes exterminateurs, ce sont autant de chemins nouveaux qu'il s'agit de tracer. Ou d'ouvrir.
Véritable illustration d'une théorie de l'histoire et des devoirs d'objectivité de l'historien, ce Livre Premier raconte, en les commentant, les trois premiers voyages aux Indes de Christophe Colomb, ainsi que quelques autres expéditions de découverte et de conquête.
Si la personne du Découvreur est magnifiée, elle n'en est pas moins l'objet de critiques raisonnées sur sa responsabilité dans la future destruction des Indes : on a là, d'emblée, ce qui caractérise l'ensemble de l'oeuvre d'un acteur et d'un témoin qui est à la fois, et sans faille, un chrétien et un humaniste, et qui mènera jusqu'à sa mort un combat pour la justice et la défense des Indiens. Et l'on ne sait ce qu'il faut le plus admirer, de la rigueur de l'historien ou de l'acuité du visionnaire.
- Conçu à la fois comme un inventaire et comme une enquête, ce dictionnaire part d'un constat aussi évident qu'oublié : nous écrivons tous hébreu sans le savoir tant il est vrai que les vingt-six lettres de notre alphabet en sont pratiquement toutes issues ou, si l'on préfère, de son frère jumeau le phénicien. Son principe même est une invention proche-orientale dans un contexte linguistique sémitique. Notre A vient de l'aleph (a), notre B de bet (b), etc. Aussi, bien que le français soit une langue latine et donc indo-européenne pour sa grammaire et la plus grande partie de son vocabulaire, est-il l'héritier d'une histoire plus vaste, plus ancienne.S'il est aisé de deviner que capharnaüm, amen, alléluia, éden, jubilé ou tohu-bohu sont des mots hébreux puisqu'ils sont tirés de la Bible ou des Évangiles, combien savent qu'il en est de même pour chameau, jaspe, saphir et goujat ? Quant aux spécialistes, combien sont-ils à se douter qu'il en va pareillement d'une multitude d'autres vocables grecs adoptés en français comme asphodèle, basilic, cosmos, morphine, océan, pylône, sophisme ou thalamus ?Cette dernière catégorie de mots venant in fine de " l'hébreu " représente à elle seule près de 50% des entrées de ce dictionnaire. Ils ont fait l'objet d'une enquête systématique où les étymologies conventionnelles (quand il y en a) ont été interrogées, où la vraisemblance des hypothèses jusque-là avancée a été éprouvée à l'aune de la logique et du bon sens.
- Après des études consacrées aux sciences dures (neurophysiologie, biochimie et entomologie), Patrick Jean-Baptiste devient journaliste scientifique. Il est l'auteur de La Biologie de Dieu: comment les sciences du cerveau expliquent les religion et la foi (Agnès Viénot, 2003) et de L'Affaire des fausses reliques, enquêtes au coeur du trafic des vestiges bibliques (Albin Michel, 2005).
De plus en plus souvent dans l'hémishère Sud les conflits armés, révoltes, contradictions sont d'essence culturelle. Le choc de la modernité - celle de la rationalité marchande et technicienne ou celle de la révolution matérialiste - ébranle en profondeur des sociétés traditionnelles hier encore cohérentes. Et celles-ci résistent plus farouchement qu'on aurait pu l'imaginer. Elles se savent porteuses d'une cohérence, d'une chaleur, d'un sens que nous avons, le plus souvent, perdus. D'où la violence de leur refus et l'échec répété des modernisateurs.Au Nicaragua, la raison révolutionnaire des sandinistes échoue devant la raison autonome des Misquitos, barricadés dans leur spécificité. A Cuba, le castrisme d'origine hispanique et blanche n'a pas vraiment su intégrer la culture "nègre" pourtant majoritaire, mais entachée du soupçon d'opposer un frein au progrès. En Ethiopie ou dans les Républiques musulmanes d'URSS, la logique du socialisme scientifique se heurte à la même résistance culturelle. Au Burkina-Faso ou dans les îles du Cap-Vert, conscients des embûches de l'unilinéarisme des modèles de "développement" et sans doute favorisés de ce point de vue par la pauvreté des ressources de leur pays et leur manque d'attrait aux yeux des nouveaux colonialistes, les dirigeants cherchetn à fonder leur politique sur les valeurs ancestrales qui ont permis à leur peuple de survivre et de créer des sociétés originales.Apparemment pourtant, presque partout, un contradiction profonde et grave oppose le désir de déracinement, de la dilution de toute identité culturelle. Et c'est sans doute ce type de contradiction - culturelle plus qu'économique - qui dominera l'histoire de l'hémisphère Sud dans les années à venir.Sur cette question, Jean Ziegler, spécialiste et homme de terrain, propose ici tout à la fois un grand reportage sociologique et un essai flamboyant.
Génération Occident retrace l'histoire méconnue et parfois secrète de jeunes gens passés de l'extrême droite à la droite d'aujourd'hui ; leur engagement était sérieux, certains ont tenu des rôles de premier plan (trésorier, chef du service d'ordre, publiciste, « théoricien »...) : Alain Madelin, Hervé Novelli, Claude Goasgen, Gérard Longuet, Xavier de Bongain (Raufer), Patrick Devedjian, Alain Robert, Gérard Écorcheville, Anne Méaux, Roland Jacquard, Patrick Mahé, William Abitbol, Guy Tessier, Frédéric de Saint-Sernin... sont désormais des figures de la droite.
Frédéric Charpier raconte la genèse des mouvements dans les années 60 (collaboration, OAS) et leur fonctionnement « en bandes ». Puis, très vite, viennent les bagarres avec l'extrême gauche et les règlements de comptes internes. Ainsi l'affaire de Rouen : les parisiens d'Occident vont tabasser dans les règles un groupe de gauchistes à la faculté de Rouen : un blessé grave, arrestations et procès ; de même, l'affaire Duprat : co-fondateur d'Occident, fondateur du Front National, agent de la DST et des RG, François Duprat est assassiné en 1978. Si l'enquête n'a jamais abouti, plus personne ne doute aujourd'hui qu'il a été victime de son propre camp.
L'auteur décrit ensuite le reclassement progressif et méthodique dans la droite classique ; de 1968 à 1986, des « filières » ont veillé à l'avenir politique des anciens d'Occident, d'Ordre nouveau et du Parti des forces nouvelle (PFN). Les principales avaient pour noms Albertini, Pasqua et Foccart.
Beaucoup d'autres militants ne sont pas inféodés à un parti politique mais ont opté, après les bandes, pour le compagnonnage - réseaux et vieilles amitiés.
Sur la terre, aucune liberté ne s'obtient sans souffrance et sang versé. Là réside une des lois les plus constantes de l'histoire humaine. Mais aucune liberté ne se gagne sans amour agissant, sans une solidarité profonde entre les peuples. Ce livre tente
Présentation de l'éditeur L'Histoire des Indes est la seule parmi toutes les chroniques de la conquête de l'Amérique qui propose un authentique travail d'historien, et une réflexion à la fois chrétienne et humaniste pour rétablir la vérité des faits et dénoncer les exactions qui aboutiront à l'extermination des Indiens. La réflexion de Las Casas qui s'appuie sur une expérience personnelle et directe, sur des témoignages et des sources toujours vérifiés fonde pleinement ce que l'on appelle aujourd'hui les droits de l'homme. Du vaste projet conçu par Las Casas - 6 volumes couvrant la période qui va de 1492 à 1550 - n'auront finalement été écrits que les 3 livres consacrés aux trois premières décennies. Mais l'extraordinaire qualité de cette Histoire des Indes, vivante, séduisante, convaincante fait de sa publication en France un événement d'une importance capitale.
Quatrième de couverture Avec ce livre troisième, le dernier, celui qui portera bientôt le beau titre de Défenseur des Indiens entre véritablement en scène. Si ce volume constitue, comme les deux premiers, la chronique de la conquête et des débuts de la colonisation, il est aussi, et peut-être surtout, le récit d'une révélation et de la « conversion d'un homme venu aux Indes en conquérant, bénéficiaire d'une encomienda, et que les exactions dont il est témoin et les ravages causés aux Indes et aux Indiens transforme en champion passionné du droit des gens contre tous ceux qui, à la cour comme sur le terrain, justifient tous leurs méfaits par le droit de conquête : c'est bien là l'enjeu d'une lutte sans faille et la préoccupation incessante, jusqu'à son dernier souffle, de quelqu'un qui a voué sa vie à la défense des opprimés, et qui peut être considéré comme l'un des pères fondateurs des droits de l'homme.
Qu'est-ce qu'un prophète ? Un terrifiant oiseau de mauvais augure ? Une voix qui crie la bonne nouvelle dans le désert ? Derrière ce lien privilégié entretenu avec l'avenir, la définition du prophétisme est d'autant plus floue qu'elle varie selon les époques et les cultures, et même selon les religions. Dans une vaste synthèse diachronique et transcontinentale, André Vauchez et son équipe ont choisi de se concentrer sur la figure du prophète de tradition chrétienne, homme de l'attente avant toute chose, personnalité plus charismatique que réellement sage ou sainte. Au long de cet ouvrage magistral, ils traquent cette figure dans l'histoire, de l'Europe au Moyen-Orient, de l'Afrique aux Amériques. À l'appui de sources bibliques et religieuses, mais aussi d'analyses plus contemporaines, telle celle de Max Weber, ils dressent le portrait d'une figure investie d'une autorité divine, capable de soulever les foules en professant une parole inspirée et apocalyptique, qui " lève le voile de l'avenir ".Loin de céder à la tentation du catastrophisme, si prégnante dans nos sociétés contemporaines, le prophète s'avère au contraire être un homme de l'espérance, dont la présence et le charisme traversent les époques et les océans. Voilà qui rend ce livre indispensable, à l'heure où semblent l'emporter la peur à l'échelle planétaire ou la tentation d'un repli identitaire !
Né il y a une génération, au coeur de la guerre du Liban, le Hezbollah, ou « Parti de Dieu », occupe fréquemment la une de l'actualité. Ce mouvement qui a fait de la destruction de l'état d'Israà«l l'un de ses objectifs, et qui est qualifié de « terroriste » par l'administration américaine est aujourd'hui un acteur de la donne géopolitique au Proche- Orient.Le présent livre n'est en rien un document d'actualité : il s'agit d'un livre d'histoire, centré sur la doctrine du Hezbollah, qui resitue l'émergence de ce « parti » dans le contexte libanais. Le coeur du livre est constitué par la première traduction française de la charte de 1985, considérée comme le texte fondateur du Hezbollah. Un lexique, un glossaire et des cartes complètent cet ensemble sans équivalent. Dominique Avon est professeur d'histoire contemporaine à l'université du Maine. Il est notamment l'auteur de : Les Frères prêcheurs en Orient. Les dominicains du Caire, 1910-1960, Cerf, 2005.Trissa Khatchadourian, spécialiste du chiisme, enseigne à l'université de Montpellier III.
Apres l'indépendance des anciennes colonies, les relations entre afrique et la france ont changé de nature mais, obscurément, elles demeurent plus fortes qu'on ne le croit.
Il est vrai que l'aventure française en afrique ne fut pas seulement affaire de conquêtes et de colonisation. la passion y eut sa part. une passion si intense que, pendant plusieurs décennies, le continent noir continua d'occuper une place particulière dans l'imaginaire de l'ancienne " métropole ". qu'il s'agisse de la littérature, de l'art, de la mémoire militaire, de la tradition administrative ou de l'enseignement, l'afrique fut et demeure inextricablement mêlée à l'histoire française.
Pour le pire, quelquefois ; pour le meilleur souvent. c'est ce prodigieux roman franco-africain, cette singulière " histoire d'une passion " qu'a reconstitué jean de la guériviere. journaliste ayant longtemps sillonné l'afrique, l'auteur a confronté ses impressions personnelles aux témoignages innombrables de ceux qui l'avaient précédé sur le terrain. puisant dans la littérature, dans les documents et dans les archives de l'époque coloniale, questionnant les témoins d'ici et de là-bas, revisitant les principaux lieux, il évoque tous les aspects d'une extraordinaire aventure.
Sans triomphalisme mais sans " repentance ".
Depuis 1951 existe en Chine un organisme spécial intitulé « Administration des Lettres et visites ». Créé par Mao Zedong, il était destiné à recevoir les plaintes, protestations et doléances des particuliers, notamment à l'encontre des cadres du Parti communiste. Bien entendu, cette administration fut le plus souvent instrumentalisée idéologiquement. Aujourd'hui, elle est devenue une grosse « machine », avec des ramifications dans tout le pays, qui fonctionne imperturbablement.
Cette immense collection de doléances " tant par voie écrite (les lettres) qu'orale (les visites) " qui racontent « en creux » l'histoire de la Chine moderne, n'avait jamais été examinée, y compris par les sinologues confirmés. Les auteurs ont pu avoir accès à plusieurs centaines de ces lettres et enquêter sur la pratique (très réglementée) des visites, jusqu'alors inconnues du dehors. A partir de ce corpus, ils ont reconstitué l'histoire de la protestation en Chine. Le résultat de leur travail est totalement neuf, inédit, et permet de dresser un tableau panoramique des réalités politiques chinoises contemporaines jamais établi auparavant. Il montre aussi qu'un espace de parole a été ouvert au peuple par cette Administration des Lettres et visites " qui n'est pas prêt de se refermer.